Les attentats de 2015 en ont fait une star. Mais François Molins ne dirigera pas le nouveau parquet national antiterroriste.

Sans précédent pour un procureur de Paris, François Molins est le plus connu des magistrats, en France et même à l’étranger. La consécration des consécrations, il l’a obtenue avec son visage en gros plan à la Une du magazine Society en avril 2016 avec ce commentaire : “Molins superstar. Il s’est imposé comme l’homme auquel les Français aiment se raccrocher depuis les attentats.” Entendez ceux de Charlie Hebdo et du Bataclan en janvier et novembre 2015. C’est pourquoi, lorsqu’en décembre dernier, la garde des Sceaux Nicole Belloubet a dévoilé son projet de création d’un parquet national antiterroriste (PNAT), les observateurs ont immédiatement pensé que le poste était forcément taillé pour lui. Et pour personne d’autre. Renforçant cette conviction, François Molins a effectué un virage à 180° sur cette nouvelle structure : d’abord hostile en 2016, accusant même les promoteurs du projet d'”ignorance” et de “mauvaise foi” dans les colonnes du Monde, il y est devenu favorable en 2017. De là à le soupçonner de changer d’avis parce qu’il convoite le poste, il n’y avait qu’un pas que beaucoup ont franchi.

La règle couperet des sept ans

Et pourtant non. L’Express peut affirmer que François Molins ne sera pas le futur procureur antiterroriste. Et ce pour au moins deux raisons. La première tient au calendrier et aux règles de carrière des magistrats. Le PNAT ne devrait pas voir le jour avant début 2019, même si le projet de loi est inscrit au menu du Conseil des ministres du 18 avril prochain. Or, en novembre 2018, Molins terminera sa septième année à la tête du parquet de Paris. Le 4e alinéa de l’article 38-2 de l’ordonnance de 1958 sur le statut de la magistrature dit clairement que nul ne peut exercer plus de sept années la fonction de procureur de la République d’un même tribunal. Et, selon la Chancellerie, comme le futur procureur antiterroriste sera l’un des trois chefs de parquet au sein du tribunal de Paris, la règle couperet des sept ans s’appliquera bien. “L’intéressé a bien compris que la loi l’oblige à quitter la juridiction dans huit mois”, nous confie-t-on dans son entourage.

La loi pourrait-elle être modifiée afin de permettre à François Molins de rester dans le ressort du tribunal de Paris ? A la Chancellerie, cette hypothèse n’est absolument pas envisagée. Et si le législateur en prenait l’initiative, rien ne prouve que le procureur Molins souhaiterait en profiter. Le parquet de Paris se compose de 119 postes de magistrat à temps plein alors que le futur PNAT n’en compterait qu’une trentaine. On imagine mal François Molins passer de l’un à l’autre alors qu’il s’agirait, de fait, d’une rétrogradation. Les Français devront à partir de l’automne prochain s’habituer à ne plus entendre la voix rocailleuse de ce montagnard du Sud-Ouest leur délivrer des informations sur les terroristes et leurs actes de barbarie.

Source https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/molins-ne-sera-pas-super-procureur_1997662.html

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