Laura Smet during the 43rd Annual Cesar Film Awards ceremony held at the Salle Pleyel in Paris, France on March 2nd, 2018. Photo by Berzane-Marechal-Wyters/ABACAPRESS.COM | 627941_017

Si tu ne peux pas aller au festival de Cannes, fais venir Cannes à toi! Une petite semaine avant l’inauguration de la 71e édition,6 le président de la République avait convié, jeudi soir, «la grande famille du cinéma» à l’Élysée. À 20h30, réalisateurs, acteurs, producteurs ou distributeurs ont fait leur entrée dans le grand salon Napoléon III, où quatorze tables avaient été dressées. Autour de celle du président, ont pris place son épouse Brigitte, bien sûr, mais aussi l’acteur Jean Dujardin, Pierre Lescure, les frères Seydoux, Jacques Audiard, Monica Bellucci, Marianne Schiappa et la ministre de la Culture Françoise Nyssen.

Cette dernière est en train d’essuyer une tempête médiatique et tâche de se draper dans son courage. «Je l’ai défendue ce matin sur Europe 1, elle ne mérite pas cela», glissait à la cantonade l’incontournable Dominique Besnehard, tout en couvant du regard Laura Smet. Mais l’ambiance n’était ni au drame, ni aux reproches. Elle était même légère. Le cinéma «porte une histoire particulière», a rappelé Emmanuel Macron, en début de repas. «Nos sociétés ont besoin de rêve et de mythe, et vous avez un rôle politique en ce sens», a-t-il expliqué à l’assistance.

Côté cinéma, la France est un pays à part avec ses 200 millions d’entrées par an, un festival reconnu dans le monde entier, une création vivante, une part de marché pour les films français oscillant autour de 35%… Le secteur est dynamique, même s’il souffre de la concurrence du piratage sur Internet ou doit s’adapter aux nouveaux entrants comme Netflix – dont les représentants brillaient par leur absence, hier soir. Ils ne seront d’ailleurs pas non plus présents à Cannes. Dans la journée, une «victoire» avait tout de même été remportée, puisque l’Union européenne a adopté un texte réclamant que les services de vidéo à la demande, dont Netflix, soient tenus de proposer au moins 30% d’œuvres européennes dans leur catalogue. «Notre pays est attaché à la création, que nous continuerons d’accompagner, de financer et de défendre», a rappelé le président de la République.

La bande originale de Rabbi Jacob et d’Amélie Poulain

C’est Pierre Lescure et Thierry Frémaux, président et délégué général du Festival de Cannes, qui avaient suggéré à Emmanuel Macron ce format de réception, inédit pour l’Élysée. Alors que les dîners sont en général soumis à un protocole strict et un ordre implacable, le service à la française a été oublié, au profit d’un buffet – au demeurant raffiné et au service impeccable. Tandis qu’une bande-son diffusait un medley de musiques de films (Rabbi Jacob, La Chèvre, Il était une fois dans l’Ouest, Amélie Poulain…), chacun se levait et se racontait les derniers potins du milieu.

Entre les tables, on croisait Gaspard Ulliel, Emmanuelle Bercot, le producteur Alain Terzian, mais aussi la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte. Les représentants du CNC, des distributeurs, des producteurs, des diffuseurs, des écoles de cinéma (Louis Lumière, La Fémis, La CinéFabrique) ou des exploitants de salles ont également répondu présents. Tous les réalisateurs et les producteurs de films sélectionnés en compétition officielle à Cannes étaient là, y compris les étrangers. «Nous avons eu un taux de réponse positif très élevé pour ce dîner», se réjouissait l’entourage du président. Seul le producteur de 120 battements par minutes, Hugues Charbonneau, a fait savoir via un tweet qu’il ne se rendrait pas à l’invitation présidentielle, pour protester contre le vote de la loi Asile et Immigration. Il y a dix jours, Françoise Nyssen avait eu moins de chance avec sa réception en l’honneur des films français sélectionnés à Cannes: plusieurs représentants du cinéma indépendant avaient boudé la soirée, reprochant à la ministre son manque d’engagement pour la création et l’absence de soutien dans la lutte contre le piratage.

Macron préfère Audiard et Belmondo aux séries télévisées

Juste après la cassolette de veau aux morilles, Emmanuel Macron a commencé à faire le tour des tables, comme un jeune marié vient saluer ses invités. La veille, il prononçait un discours devant le Congrès américain, mais le décalage horaire semblait glisser sur lui comme l’eau sur les plumes d’un canard. On apprit au passage qu’il aimait l’acteur Grégory Peck, qu’il était fan d’Audiard, de Belmondo, de westerns, que Lino Ventura l’avait «longtemps accompagné». Qu’il n’était pas «fan» de séries, n’ayant pas le temps de les regarder jusqu’au bout.

Des petits cercles se formaient rapidement autour de lui, pour parler de tout et de rien, de la nécessité de pousser la parité dans la filière, de défendre la liberté de création, de former la jeunesse à la puissance des images, et de réformer la chronologie des médias. À minuit, l’entourage du chef de l’État tentait de mettre fin à cette soirée qui aurait pu ne jamais se terminer. Son petit côté «désordonné» plut en tout cas au président de la République. «J’envisage de convier, un jour, le milieu du livre et du théâtre dans un format identique», confia-t-il, avant de regagner ses appartements.

Source:http://www.lefigaro.fr/culture/2018/04/27/03004-20180427ARTFIG00002-laura-smet-jean-dujardin-monica-bellucci-a-la-soiree-cannoise-de-l-elysee.php

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