C’est une faille béante visible sur plusieurs kilomètres, qui atteint 20 mètres de largeur par endroits et au moins 15 de profondeur. Au Kenya, dans la vallée du Grand Rift, les habitants de Mai Mahiu ont vu cette crevasse séparer le sol en deux le 18 mars. Il leur a fallu plusieurs jours pour prendre la mesure de l’ampleur des dégâts, tandis que les experts continuent de chercher une explication.

Plusieurs maisons se sont fissurées dans cette petite ville située au nord-ouest de Nairobi. Par endroits, une fente s’est même creusée sous les pieds des résidents, dont Mary Wambui, 72 ans, qui raconte au quotidien kényan Daily Nation sa mésaventure et son prochain déménagement : “C’est trop dangereux de rester ici.”

Des habitations, devenues instables, ont du être démolies. La crevasse s’étend bien au-delà, traversant les champs alentours où elle devient spectaculaire, filmée par des drones. Elle a même coupé en deux l’une des routes les plus importantes de la localité, celle qui mène à la ville de Narok puis à la réserve nationale du Masai Mara.

Impressionnant, le phénomène divise également les experts qui tentent d’apporter des explications. Cette région possède une spécificité géologique: la vallée du Rift est un ensemble de plusieurs failles et ruptures de la couche externe de la croûte terrestre qui s’étire sur 6 000 kilomètres, partant de l’Afrique australe plus au sud jusqu’à la mer Rouge et passant sous la corne de l’Afrique.

Historiquement, les mouvements tectoniques ont “créé des zones de faiblesses géologiques remontant jusqu’à la surface”, assure le géologue kényan David Adede, même si elles sont souvent “remplies par des cendres volcaniques, dont celles du Mont Longonot proche”, ajoute-t-il. “La vallée du Rift coupe l’Afrique en deux, au rythme de 2,5 centimètres par an”, résume-t-il. À cette vitesse, la séparation entre la plaque somalienne et la plaque africaine prendra 50 millions d’années, selon l’expert.

Depuis, plusieurs géologues américains ont contredit leur confrère, dont Wendy Bohon, attribuant cette crevasse soudaine au creusement des fortes pluies qui ont frappé la localité les semaines précédentes.

Outre-Manche, le sismologue Stephen Hicks de l’université de Southampton a indiqué qu’il n’y avait aucune preuve que l’activité sismique soit à l’origine de ce phénomène vu au Kenya.

Un géologue américain, Ben Andrews du Smithsonian Institut, propose une autre théorie : cette crevasse “s’est probablement formée il y a des centaines de milliers d’années” à la faveur de la tectonique des plaques, puis elle aurait ensuite été effectivement comblée par la cendre volcanique. Avant que celle-ci soit ensuite évacuée et engloutie par les pluies récentes. Peut-être de quoi réconcilier les experts.

Source https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/kenya-la-faille-qui-divise-les-geologues_1997507.html

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