Dans une vidéo, un robot américain qui ouvre une porte suscite l’inquiétude chez les internautes. Rien d’effrayant, pourtant, ni de révolutionnaire.

La mise en scène très “biologique” est assurément réussie. Un premier “robot-chien” baptisé Spotmini avance et se retrouve devant une porte fermée. Il baisse ses pattes arrière pour simuler un regard, puis se déplace sur la droite, “museau levé”, comme s’il appelait un compagnon. Un autre Spotmini, cette fois équipé d’un bras mécanique en guise de tête, se précipite à son secours. Il se saisit de la poignée et entrouvre la porte, la bloque avec ses pattes le temps de l’ouvrir complètement, et les deux robots “s’échappent”. Le tout en 45 secondes.

La vidéo, diffusée lundi 12 février par Boston Dynamics, l’entreprise américaine spécialisée dans la robotique, notamment à usage militaire, a déjà enregistré plus de 860 000 vues sur Youtube et un nombre impressionnant de commentaires terrifiés et d’articles de presse alarmants.

“S’il vous plaît, arrêtez-vous! Vous n’avez pas vu Black Mirror? C’est bien trop réel”, s’inquiète par exemple un internaute faisant référence à l’épisode 5 de la saison 4 de la série Black Mirror, intitulé Metalhead [Tête de métal], dans lequel des robots à quatre pattes traquent et tuent des humains.

Une peur -réelle ou pas- sur laquelle certains médias n’hésitent pas à surfer avec plus ou moins d’humour, dénonçant ici “la chose la plus terrifiante jamais vue”, espérant là que ces robots “n’auront pas d’envies meurtrières”, ou les comparant encore avec les vélociraptors de Jurassic Park, qui ouvrent eux aussi des portes pour mieux chasser.

Il n’y a, pourtant, que peu de raisons de s’inquiéter. Bien sûr, cette nouvelle vidéo présente une mise à jour intéressante de Spotmini. Présenté pour la première fois en 2016, ce robot-chien de 30 kilos entièrement électrique est équipé de caméras à détection de profondeur et de détecteurs proprioceptifs [qui effectuent des mesures par rapport au déplacement du robot] sur ses pattes. D’une autonomie d’environ 90 minutes, il peut porter jusqu’à 14 kilo, courir et, désormais, réaliser des tâches plus sophistiquées, ce qui renforce l’idée qu’il pourrait être utile comme robot de compagnie ou pour évoluer dans des environnements à risque.

Robots autonomes ou pilotés?

Sauf que la capacité d’ouvrir une porte n’est pas vraiment nouvelle. Atlas, le robot bipède développé par Boston Dynamics –qui peut faire des salto-arrière-, le faisait déjà en 2016. Spotmini, lui, savait déjà remplir un lave-vaisselle il y a deux ans aussi, même s’il n’avait pas encore sa belle carrosserie jaune.

Surtout, Boston Dynamics n’en dit pas plus sur les véritables capacités de son robot. On ne sait pas, par exemple, si les deux Spotmini de la vidéo réalisent leurs actions de manière autonome ou s’ils ont été préprogrammés, voire s’ils sont pilotés par des opérateurs humains -comme on peut le voir dans la vidéo de présentation ci-dessous (à partir de 4 minutes).

Il est peu probable que le premier Spotmini sans tête appelle son compagnon pour qu’il vienne l’aider, pas plus qu’ils ne décident de s’évader ensemble pour dominer le monde. Leur gestuelle est très probablement une mise en scène destinée à imiter l’intelligence -humaine ou canine- pour le spectacle. Et si ces robots sont bien équipés d’algorithmes de reconnaissance de l’environnement très perfectionnés, il ne sont pas pour autant dotés d’une intelligence propre.

Source https://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/pourquoi-il-est-trop-tot-pour-avoir-peur-du-robot-chien-de-boston-dynamics_1984485.html

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