Sans l’ombre d’un doute, la loi n° 130 de 2022 constitue une réforme d’importance historique, après plus d’un siècle d’immobilisme réglementaire substantiel (les dernières dispositions sur la justice fiscale et le processus fiscal remontaient à 1864). Une véritable révolution copernicienne donc – visant à améliorer la qualité des décisions fiscales et à réduire le contentieux de la Cour de cassation – qui voit enfin la naissance de la cinquième magistrature et de nombreuses autres innovations importantes tant au niveau du recrutement des juges fiscaux (qui deviennent des juges professionnels à temps plein avec une rémunération en rapport avec les fonctions qui leur sont attribuées), qu’au niveau du processus procédural. Alessandra Calabrò, avocate à la Cour de Cassation du Barreau de Rome, spécialisée en droit fiscal, avec une grande expérience également dans le domaine du droit de la faillite et du recouvrement et de la restructuration de crédits, est intervenue sur le sujet.

par Roberta Imbimbo

Avv. Calabrò, quelles sont les principales innovations contenues dans la réforme de la justice et du processus fiscal ?

La loi n° 130 de 2022 poursuit l’objectif ambitieux de rationaliser le système de justice fiscale à travers la professionnalisation du juge du mérite, la mise en place de la figure du magistrat fiscal professionnel, la création des tribunaux de justice fiscale de première et deuxième instance en remplacement des commissions fiscales provinciales et régionales, et donc, plus généralement, la mise en place d’une cinquième magistrature spécialisée. La juridiction fiscale sera ainsi répartie entre des juges fiscaux tégatistes, nommés auprès des tribunaux fiscaux, présents dans le rôle national unique à partir du 1er janvier 2022, et des magistrats fiscaux nouvellement nommés, ayant passé un concours public sur la base de qualifications et d’examens (pour un effectif total de 576 unités, 448 en première instance et 128 en seconde instance). Il s’agit d’une nouveauté très importante si l’on considère qu’auparavant, le système de justice fiscale était composé de juges à temps partiel, ce qui – manifestement – ne garantissait pas leur professionnalisme étant donné la nature très technique des questions à traiter. Une autre innovation très importante introduite par la loi de réforme en question se trouve dans la création d’une section ad hoc à la Cour de Cassation chargée exclusivement de traiter les litiges fiscaux. Par ailleurs, à partir du 16 septembre 2022, afin de réduire les contentieux, les litiges fiscaux en cours devant la Cour de cassation pourront faire l’objet d’un règlement facilité.

La loi n° 130/2022 a également introduit des innovations importantes dans le domaine de la preuve par témoins. Pouvez-vous nous en parler ?

Un autre point focal. La loi renforce les pouvoirs de la défense, en réadmettant également dans les procès fiscaux la preuve testimoniale écrite avec les formes prévues à l’article 257-bis du Code de procédure civile. Cette nouveauté représente une étape importante pour garantir l’équité du procès fiscal, étant donné que l’interdiction précédente représentait une violation du principe de la protection judiciaire pleine et effective, incompatible avec le principe du procès équitable, comme l’a rappelé la Cour européenne des droits de l’homme, selon laquelle l’admission de la preuve testimoniale dans les procès fiscaux doit être considérée comme obligatoire lorsqu’elle est indispensable au bon exercice des droits de la défense du contribuable. Des nouvelles importantes également sur la charge de la preuve : en effet, la loi établit que l’administration fiscale doit “prouver en justice les motifs de ses actes fiscaux”. Le juge, qui doit fonder sa décision sur les éléments de preuve qui ressortent de l’affaire, procédera donc à l’annulation de l’acte imposable si la preuve de ses motifs fait défaut ou si la preuve de ses motifs est contradictoire ou en tout cas insuffisante pour démontrer, de manière circonstanciée et ponctuelle, les raisons objectives sur lesquelles se fondent la demande d’impôt et l’imposition des pénalités.

Qu’en est-il de l’institution de la conciliation judiciaire ?

Auparavant, la conciliation judiciaire était soumise à la seule volonté des parties et le juge exerçait une fonction purement notariale. Aujourd’hui, en revanche, le juge exerce une fonction propulsive, en ce sens qu’il peut formuler une proposition conciliante aux parties si l’objet du litige peut être résolu facilement et rapidement. La partie qui refuse une telle proposition peut être appelée à payer les frais de justice avec une majoration de 50%. La loi introduit également une responsabilité administrative précise du fonctionnaire qui rejette sans raison la proposition de conciliation et la figure du juge monocratique pour les cas allant jusqu’à 3 000 euros. L’objectif est évidemment d’alléger le poids du contentieux fiscal et d’accélérer l’action judiciaire.

Comment évaluez-vous cette réforme ?

Il s’agit certainement d’une réforme valable et attendue depuis longtemps, visant précisément à accélérer, simplifier et rendre plus efficace le système de justice fiscale. Il est évident que certains aspects de l’application devront être soigneusement contrôlés au fil du temps et, par conséquent, seule l’expérience nous apprendra quelles seront les forces et les faiblesses de ces dispositions réglementaires révolutionnaires et surtout quel sera l’impact réel de la réforme sur la relation entre les contribuables et les autorités fiscales.

 

Pour plus d’informations (http://www.calabrolex.it)

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