Dans une récente note d’analyse, le directeur des études de la banque Natixis Patrick Artus estime que le capitalisme est voué aux crises financières. Jusqu’à s’effondrer?

Comme les hommes politiques ont leur tentation de Venise, les économistes ont-ils leurs vertiges révolutionnaires? Dans une récente note d’analyse relevée par Le Monde, le directeur des études de la banque Natixis Patrick Artus valide au cours d’un rapide raisonnement la thèse de Marx sur l’instabilité chronique du système capitaliste, censée le conduire à sa perte pour l’auteur du Capital.

Une mécanique implacable?

D’abord, l’économiste note “une baisse de l’efficacité des entreprises” dans les pays développés de l’OCDE. Un ralentissement de leur productivité qui rendrait leur capital de moins en moins rentable. Selon lui, les entreprises se sont adaptées à cette tendance en mettant la pression sur les salaires pour offrir à leurs actionnaires de copieux dividendes. Enfin, comme elles sont tout de même obligées de payer assez leurs salariés pour qu’ils puissent se nourrir, se loger, et venir travailler, elles se seraient lancées dans des activités spéculatives pour augmenter leurs revenus. Marché d’actions, nouvelles technologies, immobilier, crypto-monnaies comme le bitcoin… Autant d’actifs de plus en plus spéculatifs dont le destin inexorable est de former des bulles et d’exploser.

Difficultés des entreprises à maintenir leurs marges face à une concurrence mondiale, gourmandise des actionnaires, pression sur les salaires grâce au chômage, spéculation boursière, autant d’éléments qui ont pu être observés séparément et qu’on ne peut pas mettre en doute. Une mécanique implacable s’est-elle pour autant mise en marche? Pour prouver que les salaires sont au plus bas, l’économiste relève qu’à l’intérieur de l’OCDE des salaires minimaux sont mis en place ou augmentent quand ils existent déjà. Ce qui pourrait être interprété d’une autre façon, comme un rééquilibrage en faveur des salariés. Quant aux crises qui reviennent régulièrement, le capitalisme les a toujours surmontées en prenant de nouvelles formes.

Manque de flair en 2008

Patrick Artus conclut d’ailleurs prudemment son analyse en notant “la hausse des inégalités de revenu” et “des crises financières” à venir. Autant de points qui ne font guère de doute. Il s’est déjà montré plus alarmiste, assurant que la prochaine crise financière serait “pire” que celle de 2008, ou que la folie du bitcoin allait finir par “une crise épouvantable.” Peut-être veut-il surtout éviter à tout prix d’être pris de court. En 2008, quelques mois avant la faillite de la banque Lehman Brothers, il assurait que la crise était finie.

Source https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/la-fin-du-capitalisme-karl-marx-avait-tout-prevu-selon-la-banque-natixis_1982294.html

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