Le groupe Casino est le premier distributeur français à pactiser avec Amazon. Dont les ambitions ne s’arrêteront pas là.

Dans la gueule du loup ? Casino a annoncé en début de semaine avoir noué une alliance avec le géant du e-commerce Amazon. Courant 2018, sans qu’une date ait été précisée, les abonnés au service Amazon Prime Now accéderont à une boutique en ligne Monoprix pour y trouver entre 5 000 et 10 000 références alimentaires, toutes marques confondues. Les livreurs d’Amazon collecteront leurs commandes dans deux magasins et desserviront en une heure la capitale, ainsi que 21 communes de la petite couronne.

Monoprix, pourtant en avance sur le e-commerce

“A travers ce partenariat unique, le groupe Casino renforce sa stratégie de distribution omnicanale et se rapproche encore davantage de ses clients et de leurs besoins”, s’est félicité son président Jean-Charles Naouri.

Jusqu’alors Monoprix, l’enseigne haut-de-gamme du groupe, se flattait pourtant d’être à la pointe du e-commerce alimentaire, notamment grâce à son réseau de magasins de centre-ville. Les velléités d’Amazon en la matière? “Il y a ceux qui disent, et ceux qui font”, avait taclé le président de Monoprix Régis Schultz dans une interview au magazine spécialisé LSA. L’enseigne réalise 10% à 15% de son chiffre d’affaires en livrant à domicile, une proportion plus importante que celle de ses concurrents. Fin 2017, elle a investi dans la start-up Epicery, spécialisée dans la livraison dans l’heure.

Casino a également conclu un accord avec le spécialiste du e-commerce alimentaire britannique Ocado, qui doit lui fournir un entrepôt robotisé en 2019. A cette date, Monoprix sera capable de remplir un caddie de 50 articles en six minutes avant de le faire parvenir à j+1 en Ile-de-France, en Normandie et dans les Hauts-de-France. De quoi, apparemment, tenir tête à Amazon.

La concurrence de Leclerc change la donne

“Il ne faut pas déconnecter l’annonce de ce partenariat avec celle de l’arrivée du service de livraison à domicile de Leclerc à Paris”, décrypte Olivier Dauvers, expert du secteur de la distribution. Leclerc va proposer des prix “de 20 % à 25 % plus bas” que Monoprix, selon le spécialiste.

En pactisant avec Amazon, Monoprix gagne un canal de diffusion supplémentaire pour affronter ce nouveau concurrent sur son pré carré parisien. Leclerc, pour sa part, a décliné les offres de partenariat du géant américain. Mais l’enseigne du groupe Casino est aussi la première à mettre le doigt dans un engrenage dangereux, car la firme de Jeff Bezos est connue pour tailler des croupières aux acteurs traditionnels. Au début du XXIe siècle, Toys “R” Us avait cru judicieux de lui confier son e-commerce. 18 ans après, l’enseigne spécialisée est en faillite et Amazon domine le marché du jouet en proposant le plus grand nombre de références.

“En confiant sa relation client à un tiers, Monoprix prend le risque de devenir un simple sous-traitant du nouveau distributeur”, prévient Olivier Dauvers. D’autant que pour Amazon, ce partenariat n’est qu’un hors d’oeuvre. Après Monoprix, quelle grande surface d’envergure nationale pourrait intégrer sa place de marché? “On ne spécule jamais sur l’avenir”, se contente-t-on de répondre chez Amazon France.

Source https://lexpansion.lexpress.fr/entreprises/amazon-monoprix-un-deal-et-ses-risques_1995931.html

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