par Roberta Imbimbo
En 2024, le gouvernement italien a lancé un nouveau plan destiné à transformer le paysage industriel et technologique du pays. « La Transition 5.0, qui se veut une alternative au Plan de Transition 4.0 encore en vigueur, introduit une approche intégrée liant l’innovation technologique des biens d’équipement en mode 4.0 à l’efficacité énergétique des processus dans lesquels ces biens sont intégrés », affirme l’ingénieur Maurizio Fiaschè, PDG de F-Engineering Consulting, une société hautement spécialisée en financement public, ingénierie et durabilité. Sa mission : accompagner les entreprises italiennes dans cette révolution sans précédent afin d’améliorer leurs performances et d’atteindre leurs objectifs avec une vision innovante et durable.
Ingénieur Fiaschè, qu’est-ce que la Transition 5.0 exactement ?
La Transition 5.0 est un plan gouvernemental lancé en 2024 qui vient compléter et élargir le Plan National de Transition 4.0. Ce nouveau dispositif se distingue par une exigence technique et procédurale particulière : les actifs pouvant bénéficier des aides doivent respecter les conditions du Plan 4.0, mais avec une exigence supplémentaire : la réduction de la consommation énergétique des processus où ces actifs sont utilisés. En d’autres termes, la Transition 5.0 est une version avancée de la Transition 4.0, axée sur les processus et les installations industrielles, avec une bonification accordée si l’adoption de nouvelles technologies permet d’atteindre des objectifs spécifiques en matière d’efficacité énergétique et d’autoconsommation à partir de sources d’énergie renouvelable (EnR).
Quels sont, selon vous, les piliers fondamentaux de cette transition ?
Les trois piliers de la Transition 5.0 sont : l’innovation technologique, la durabilité et la centralité de l’humain, dans le but de rendre les entreprises européennes plus résilientes. La durabilité ne doit donc pas seulement viser la réduction de l’impact environnemental, mais aussi promouvoir des modèles de développement centrés sur l’être humain dans la chaîne de valeur. En résumé, la Transition 5.0 est une évolution de la 4.0 avec une dimension durable (même si le plan se limite à la réduction de la consommation énergétique et à l’utilisation des énergies renouvelables), introduisant des incitations pour les entreprises qui innovent tout en améliorant l’efficacité énergétique de leurs processus, dans le respect du principe DNSH (« Do No Significant Harm » – Ne pas nuire de manière significative à l’environnement).
Y a-t-il également des différences financières ?
Absolument ! La Transition 5.0 se différencie de la 4.0 notamment par le recours aux fonds européens, en particulier ceux de la Mission 7 – REPowerEU, plutôt qu’à des ressources nationales. L’article 38 du décret-loi n°19 du 02/03/2024, converti par la loi 56/2024, définit le cadre de la Transition 5.0. Bien que les négociations avec la Commission européenne soient encore en cours, l’approbation de l’article 38 et des amendements successifs, ainsi que les simplifications introduites par la Loi de finances 2025 (L. 207/2024), marquent une étape importante dans l’engagement du gouvernement italien en faveur de la transition écologique et de l’innovation technologique dans les entreprises.
À combien s’élève le crédit d’impôt pour l’efficacité énergétique ?
Le crédit d’impôt 5.0 prévoit trois taux de 35 %, 40 % et 45 %, en fonction de la réduction de consommation énergétique obtenue, pour les investissements jusqu’à 10 millions d’euros. Pour la tranche entre 10 et 50 millions, ces taux sont réduits à 5 %, 10 % et 15 %. Le crédit généré par l’investissement dit « moteur » peut ensuite être appliqué à une base majorée de 130 %, 140 % ou 150 % pour les installations à énergie renouvelable (dites « entraînées »), selon la classe de rendement énergétique des modules de l’installation.
Transition 5.0 et ZES : une incompatibilité ?
Le crédit d’impôt Transition 5.0 ne pouvait initialement pas être cumulé avec les aides des Zones Économiques Spéciales (ZES) pour l’année 2024. Toutefois, la loi 207/2024 a introduit cette possibilité. Sur le sujet du cumul, les entreprises doivent rester vigilantes : les règles de cumul avec d’autres aides financées par des ressources nationales ou européennes ont évolué. La FAQ 8.6, mise à jour le 10 avril 2025, a introduit le principe de « netting » (nettoyage financier). Ces mécanismes rendent indispensable une planification rigoureuse ; il est donc conseillé de faire appel à des consultants expérimentés afin de maximiser les opportunités sans commettre d’erreurs.